Ubu Roi par le TUN / Ubu Roi par les étudiants du Conservatoire.

Ubu Roi d'Alfred Jarry, mise en scène Denis Milos à l'amphithéâtre déléage de la fac.

















Ubu Roi D'Alfred Jarry, mise en scène Boutros El Amari à la salle Poirel.


Je note d'ores et déjà que cet article du journal n'a pas pour vocation de favoriser une mise en scène plus qu'une autre, l'analyse se voudra la plus objective possible. Il me paraissait intéressant de rendre compte du travail de mise en scène de deux troupes non professionnelles sur la même pièce, jouées quasiment au même moment.
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Les partis pris de mise en scène sont évidemment complètement différents. Tout d'abord au niveau du texte, les élèves du TUN sont restés fidèles à celui-ci, tandis que la version du Conservatoire contient des éléments en plus comme des blagues, ou certaines expressions, qui donnent au texte de Jarry un certain décalage. Cela ajoute un effet à la limite de l'improvisation.

En ce qui concerne la scénographie, le TUN nous proposait un jeu de dès/mots-croisés géants. Au début de la pièce le messager vient apporter un cube pour compléter "la grille" au fur et à mesure apparait le mot "MERDRE" : la pièce est lancée ! Ces cubes serviront d'ailleurs par la suite de tables et chaises, ils sont la base du décor. On peut voir dans ce jeu la métaphore du jeu du pouvoir ... (destins croisée ? Coup de dès ?) tournée en dérisions par Jarry. L'adaptation du conservatoire présente une scénographie plus "simple". le décor consiste en des paravents peints de motifs psychédéliques, une trappe peinte de flamme au milieu de la toile permet d'engloutir "les nobles" et autres "financiers". Ce principe de la trappe est d'ailleurs repris dans les deux pièces. Pour ce qui est des lieux, au TUN, ils sont situés oralement par le personnage du messager, et par des pancartes qui glissent pour l'autre pièce.

La Musique tient également une place importante dans la pièce à l'origine, ce qui est bien rendu dans les deux adaptations. Claude Terrasse compositeur notamment d'opérettes, par sa musique a favorisé la construction d'un univers ubuesque et d'une cohésion narrative. Ainsi chaque personnage possède un thème et est identifiable par celui-ci. On garde tous en tête, la célèbre chanson du décervelage à la fin du spectacle.

L'affiche du festival Traverses 2012

Dans les deux pièces on peut dire que l'esprit d'Ubu a été parfaitement conservé, l'adaptation du conservatoire laissant une place plus importante à l'investissement du corps des acteurs et à la force de jeu, en campant des personnages singuliers et riches. Le TUN propose une adaptation reposant plus sur l’interaction décors/acteurs : on a le sentiment d'une construction permanente du plateau, des personnages,  et d'une certaine mouvance qui colle bien à tous les déplacements et aventures/voyages des personnages.

Voici les petits plus que je retiens pour chacune des adaptations :

Pour le TUN :

- La Nappe " tout incorporée" où la vaisselle est directement collée sur la nappe m'a fait beaucoup rire
- Le personnage du messager, qui donne un côté "Cabaret" dès le début du spectacle
- Les scènes de guerre à coup de balles en plastique et de ballons de basket


Pour le CONSERVATOIRE :

- La course au trésor ralentie, particulièrement épique.
- Le cheval du père Ubu "tout incorporé" lui aussi : selle, cheval et bottes d'équitation dans un seul bout de tissus !
- Le roi pour le moins androgyne ... !
 

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